Me revoilà en route vers de nouvelles aventures fashion. Ce week-end, j’ai choisi de partir en destination de la contrée natale de Shakespeare, où j’ai passé trois jours fantastiques dédiés à la mode, en ce beau début de printemps. À Londres j’ai ainsi pu visiter deux très belles expositions : celle, déjà mythique, de Dior, Christian Dior: Designer of Dreams, qui est sold-out en ligne depuis quelques mois, et celle sur Mary Quant, toutes les deux au V&A Museum. Deux visions de la mode aux antipodes, un match France – Royaume-Uni fait de chapeaux (melon) et bottes (de cuir) pourrions nous dire… C’est vrai qu’il n’y a sans doute rien de plus french que Dior et rien de plus british que Mary Quant ! Par ailleurs, j’ai été très étonnée : je m’attendais que l’exposition Dior ait la place d’honneur, et celle de Mary Quant occupe celle de mademoiselle d’honneur… mais pas du tout : toutes les deux sont les stars, rivalisent et font le plein d’admirateurs. Chapeau bas au V&A qui a organise deux évènements d’un tel niveau au même temps.
Mon rêve ? Rendre les femmes belles pour les rendre heureuses.— Christian Dior
Mais commençons la visite du V&A avec l’exposition de Dior, le mythique, l’unique, et mon couturier préféré — mais cela vous le savez déjà.
Après avoir descendu un escalier pour accéder à la galerie Sainsburry, qui héberge l’exposition, nous nous retrouvons face à l’entrée reconstituée de la mythique boutique de Dior, située au n°30, avenue Montaigne, à Paris. Des mannequins nous y accueillent, chacune habillée d’un costume revisitant le légendaire tailleur bar, inspiré de l’hôtel Plaza Athénée, symbole du nouveau Look.
Les couturiers en sont ceux qui, après Christian Dior, ont contribués à la légendaire maison de couture : Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et Maria Grazia Chiuri.
Des photos, des dessins, des vidéos, et des objets de l’époque retracent la jeunesse de Christian, de ses origines, et de celles de sa famille. Avant de rentrer dans la boutique éphémère, il nous faut comprendre d’où venait Christian, et qui il était, pour comprendre pleinement le monde de Dior. Tout est vraiment émouvant, on aime rencontrer Christian avant qu’il ne devienne Dior, son sourire débonnaire, ses rêves d’enfant, ses difficultés, ses passions…
Je pourrais m’arrêter là et je serai déjà comblée. Mais, comme dit Dior dans son autobiographie, il y a deux personnes : Christian et M. Dior. Et Dior est idolâtré, reconnu, mais je vous ai déjà dit que celui que je préfère est Christian, cet enfant qui est à l’origine de tout le rêve que fut sa vie, et qu’il continue à partager avec nous. Je traverse le seuil de la boutique pour rentrer dans plusieurs salles une après l’autre dans un crescendo d’émotions.
C’était comme si l’on était catapulté dans son enfance, depuis sa maison de Granville au début du 1900, jusqu’à ses débuts à Paris, en 1947. Cette exposition est une vrai fashion experience, faite de surprise en surprise, au fur et mesure des salles visitées.
Le monde de Dior prends ses contours, est une sort de paradis, autour des moi les femmes, les hommes même les enfants n’arrêtent pas de répéter les mêmes mots : « beautiful! amazing! wonderful! ». Une dame anglaise de bien 90 ans est là, s’appuyant à la fois sur sa canne et sa fille pour marcher, côtoyée par une autre femme accompagnée d’un enfant de 10 ans : face aux robes, tous ont la même expression, le même émerveillement, le même enthousiasme! Même avec presque une siècle de différence d’âge, Dior arrive à mettre tout le monde d’accord, ça c’est un vrai spectacle ! Nous avons pénétré dans un monde magique, merveilleux, où nous sommes enchantés par une telle beauté… quelqu’un a dit que la parisienne est une chrétienne dont Paris est l’église, oui, of course, et j’ajouterai que Christian Dior en est le Pape! Et s’il y a un paradis, j’espère qu’il ressemble à cela !
L’exposition parcourt ensuite l’histoire de la maison à travers ses créations, du premier défilé, le 12 février 1947, qui créa le New Look, jusqu’à 1957, quand le couturier nous a quitté précocement. Pendant cette période, Christian a dessiné 22 collections avec 150 robes par collection. Chacune souligne la dominance de la silhouette féminine avec des noms évocateurs : Zig Zag, Verticale, Sinueuse, Tulipe, Fuseau, etc.
La salle suivante est dédiée à Dior au Royaume-Uni, lui qui était anglophile et qui fut le couturier de la jeune princesse Margaret, dont la robe de bal est présentée à l’exposition.
Son histoire d’amour avec l’Angleterre commence en 1950, quand il fait son premier défilé à l’hôtel Savoy à Londres, qui sera suivi par l’ouverture d’une immense boutique et la signature de licences avec des fabricants anglais et des grands magasins, comme Harrods, entre autres.
L’exposition se poursuit avec une salle dédiée à la passion de Dior pour l’histoire, et en particulier pour la période de la belle époque et de l’impératrice Eugénie, période à lui chère, parce qu’elle représentait la jeunesse de la femme de sa vie et sa muse : sa mère Madeleine. Une influence qui se retrouvera à jamais dans son style, mais aussi dans la décoration de ses boutiques, à commencer par celle de l’avenue Montaigne, où tout reproduira l’ambiance heureuse de sa maison natale de Granville, jusqu’à son appartement parisien familial style Louis XVI dans ses couleurs rose, blanc et gris. Dans la reconstitution du petit Trianon de Versailles sont présentées ses créations et celles des ses successeurs qui comme lui se sont inspirés et de son époque fétiche.
La prochaine salle nous présentera sa passion pour les voyages et les contrées lointaines, source d’inspiration de nombreuses pièces, en particulier le Japon, l’Égypte, la Chine, l’Inde, le Mexique… voyage des plaisirs mais aussi d’affaire, compte tenu de la conquête du monde de la marque, en ouvrant des boutiques de partout, du Japon au Brésil.
Une autre salle est dédiée aux fleurs et à la nature, source d’inspiration si importante pour Dior, dans ses créations et dans ses parfums, avec en tête le muguet, sa fleur porte-bonheur.
Puis l’espace suivant est dédié aux couturiers qui ont travaillé pour Dior, en retraçant l’histoire de chacun, qui, à travers son art, a apporté sa brique à la création du mythe. C’est clair que Christian est le démiurge de Dior, mais la magie ne pourrait pas durer sans le talent des hommes et des femmes qui ont pris son relai. Chacun a porté sa touche, son génie, son interprétation du monde Dior mais, on le ressent, toujours en témoignant d’un profond respect et amour pour le maître.
S’ouvre ensuite une salle recouverte du sol au plafond de mannequins revetus de costumes intégralement blancs, tribut aux ateliers. Parce que la maison Dior, si elle est faite de couturiers « stars », ne pourrait néanmoins pas exister sans la passion et le, dévouement de toutes les petites mains qui participent quotidiennement à la création du rêve.
Dans la salle suivante est présenté le « Diorama » : un tribut aux clientes, un total look créé pour elles, fait d’accessoires, parfums, etc. Là, c’est l’univers de Dior qui est maintenant complet avec sa dernière brique, la plus importante : la cliente, reine de ce monde. Arrivé là, vous serez complètement conquise, et vous ne jurez plus que par cette maison de couture, où tous vos rêves deviennent réalité.
Enfin, épilogue, et point culminant de l’exposition, vous rentrez dans la dernière salle, celle du bal ou vous pouvez choisir parmi un choix époustouflant votre robe de princesse et rêver de danser.
Une danse qui dure une journée entière avec l’alternance du jour à la nuit et de la nuit à l’aube. Que dire, vous avez été mise KO, vous êtes follement amoureuse, vous vivez dans un rêve…
Un rêve qui se termine, mais une autre aventure nous attend, celle de la découverte d’une sacré femme, Mary Quant.
Mais avant de partir un dernier clin d’œil : Au revoir M. Dior, à bientôt et merci !